Grand Trail du Lac : Etre confronté à soi

Voilà 5 jours que j’ai franchi la ligne d’arrivée du Trail du lac du Bourget. 75 km et 3800 D+. 12h32 de course, 12h32 d’effort, 12h32 de plaisir. Après avoir passé quelques jours à récupérer et à savourer cette ligne d’arrivée, je reviens sur ma course pour continuer d’apprendre et continuer à me challenger.

Pourquoi je parle de « d’être confronté à soi » ?

Quand je pars sur une course, que j’ai préparé pendant plusieurs semaines, ce n’est pas contre les autres coureurs que je cours mais c’est face à moi. Je ne vise pas le podium, je vise ma performance physique et mentale. Je vise le temps que j’ai estimé, je vise à être en forme dans les deux jours qui suivent la course, je vise à repousser mes limites quand je suis dans le dur, je vise à prendre du plaisir et à accepter ce qui est.

Comment je me sens d’être confronté à soi ?

Plutôt bien ! Je viens de récupérer mes muscles, durs pendant deux jours dans les escaliers en descente. L’énergie redevient bonne. Cette semaine s’est passée entre sauna, étirements, ré hydratation, abdos gainage, footing, et reprise du travail musculaire hier. ça s’était sur le plan physique, et sur le plan mental, je suis satisfaite d’avoir remporter plusieurs enjeux personnels.

je reviens sur ma course pour continuer d’apprendre et continuer à me challenger avec un protocole de coaching que j’utilise avec mes clients. Ce qui est bon pour mes clients est bon pour moi, n’est ce pas ? Le protocole SCAN (Satisfaction, Confrontation, Apprentissage, Nouvelle étape)

Quelle satisfaction je retire de cette expérience d’être confronté à soi ?

La première est d’avoir su me remettre en question au bon moment dans l’entrainement. Après un trail de mesure, où je me suis retrouvée dans le dur, cela m’a piqué dans ma fierté, car je n’avais pas pris de plaisir , j’avais peur dans les descentes, et je n’avançais pas. Et j’ai su me remettre en question, pour mettre le coup de boost pour retrouver du plaisir, courir léger, et accepter de mettre en corrélation résultat et charge de travail, non pas pour me donner des excuses, mais pour remettre les choses à leur place (dans ma tête)

La deuxième a été de me sentir des ailes poussées à deux ou trois reprises et de sentir comme c’est bon. C’est un Kif total de voir que rien ne peut m’arrêter. A un tel point que je me demande dans ces moments la si c’est bien moi qui est aux commandes 🙂 Je sais que des coureurs diraient « il faut gérer » mais moi j’ai juste envie de dire « que c’est bon d’être dans le plaisir » !

Qu’est ce qui a été confrontant d’être confronté à soi ?

Indiscutablement, cela a été de ne pas avoir un regard, un geste avec un ami au moment du départ. C’est toujours un moment particulier entre excitation et fébrilité. De se souhaiter « bonne course », de se serrer dans les bras, de se regarder en se disant silencieusement « prend soin de toi ». Mes émotions sont mélangées à cet instant là. Et se sentir « plusieurs » me fait du mien , même si tout se dit dans le silence.

Et pendant la course, cela a été d’être sûr en effet que je n’arriverai pas à arriver au 40e kilomètres avant le départ de ma soeur Chrystel, Matt et Liliane deux amis. Je l’avais pourtant bien dis en estimant mes temps de passage, mais une partie de moi entretenait quand même le rêve, de courir un bout avec eux ! Cela aurait simplement été un kif de plus, mais cela n’a pas entamé mon mental car je le savais avant. 🙂

Qu’est ce qui a été apprenant d’être confronté à soi ?

Ce que je sais aujourd’hui c’est que le plaisir compte plus que la performance (au sens chrono du terme). Lorsque j’ai couru avec mes petites ailes les 11 premiers kilomètres, je me disais « tu dois ralentir parce que tu vas le payer cash ». Et alors ? Oui, en effet, j’ai vu plusieurs coureurs me reprendre dans les 20 kilomètres suivants. Et alors ? Oui, j’avais les jambes plus « molles » , et alors ? L’ultra trail, pour moi est une pratique qui demande d’accepter ce qui se passe à l’instant et de prendre en compte tous les éléments et faire avec ! Et faire confiance : se faire confiance avant tout « ça va revenir, les réservoirs sont bas mais ça va revenir.  » C’est un va et vient que je sais gérer. Ca demande de bien se connaitre et gérer son effort. Et pour ma part, je ne le gère pas par la maitrise mais par la sensation. Préparer mes temps de passages ne m’obligent pas à les tenir mais je me programme mentalement à vivre l’évènement dans son intensité et sa durée.

La deuxième chose que je sais aujourd’hui c’est que cela n’était pas désagréable de courir seule, car j’ai eu la sensation en fait que tout le monde était tout seul. Et comme d’habitude, j’ai rencontré plusieurs personnes, partagé quelques mots d’encouragements, de soutiens, de partages. Sur la ligne d’arrivée, on se félicite et se dit merci ! C’est ca que j’aime dans ce sport !

 

Quelle est la nouvelle étape pour continuer à être confronté à soi ?

Il y a 10 jours je ne savais pas si j’avais envie de continuer car compiler vie professionnelle et exigences de l’entrainement n’est pas chose simple. J’avais imaginé faire une année de coupure avec l’ultra…mais en fait j’ai peur de ne pas trouver de sens à faire des courses de 30 kilomètres 15 fois dans l’année.

Là tout de suite ce dont je rêve est de repartir dans le désert, avec ces grands espaces ou repartir sur une course en étapes pour vivre en bivouac, être en autonomie … J’ai quelques idées en tête mais la première chose est de confronter mes envies à mon emploi du temps…Et bien sûr, une course comme celles ci est un projet collectif que je veux partager avec des amis fidèles à ce genre d’épreuve et mes amis d’une course avec qui je suis en contact. C’est indiscutable, ce type course se partage .