L’accompagnement d’un coach pour prévenir un burn out

Depuis quelques mois, le mot burn out revient souvent dans mes coachings. Ce n’est pas un choix de me positionner sur cette thématique, mais le constat est là. Mes clients ont soit pris conscience qu’ils en prenaient le chemin, soit que le coaching permettait d’éviter de le revivre.

Première chose, qu’est-ce qu’un burn out ?

J’entends souvent « je suis en burn out” alors que ces personnes sont en fait en dépression.

Si l’on reprend le mot à sa base, le burn out c’est « se consumer, se brûler de l’intérieur ». Par extension, cela signifie dépenser son énergie jusqu’à l’épuisement. Ce qui veut dire aussi qu’il s’installe progressivement, avec une forme de normalisation de cette dépense d’énergie jusqu’à en arriver à l’épuisement.

Allument cassé qui brule

Quels sont les signaux avant-coureurs du burn out ? Comment savoir qu’on doit demander de l’aide ?

Comme cela s’inscrit sous une forme de normalité pour la personne. A-t-elle le recul nécessaire pour se rendre compte seule de ce qu’il est en train de se passer ? Dans deux expériences récentes, ce ne sont pas les personnes qui ont fait la demande d’un coaching, mais leur manager.

Jamais le mot burn out n’a été prononcé dans le contexte initial ni avec l’objectif de l’éviter. Cependant, des signaux ont interpellé les managers :

  • Un équilibre vie professionnelle et vie personnelle malmené
  • Des plages horaires de travail à rallonge
  • Un sur-investissement dans les dossiers comme une forme de sur-exigence
  • Un débordement d’énergie à porter tous les projets
  • Un oubli de soi

Eviter un deuxième burn out en retrouvant du plaisir à travailler

Laurent, une trentaine d’année, arrive d’un grand groupe pour prendre la direction marketing d’une entreprise agile. L’entreprise attend de ses salariés une attitude entrepreneuriale. Depuis plusieurs mois, son N+1 capte des changements de comportements : le cadre professionnel a envahi son espace personnel, des attitudes de justification en réunion face aux problèmes, des difficultés à déléguer au sein de son équipe… Il ne ressemble plus à la personne qu’il a embauché : plein d’énergie, de curiosité et d’envie de créer.

L’enjeu : éviter le burn out

Laurent est une personne hyper investie qui, lorsque son N+1 lui demande quelque chose, le fait presque instantanément. Les projets sont nombreux, il s’en empare à bras-le-corps. J’assiste en fait à sa noyade. Lorsqu’une personne perd pied, elle est dans une telle émotion qu’elle n’a plus la distance émotionnelle nécessaire pour faire preuve d’objectivité sur ce qui lui ai dit et sur sa charge de travail.

L’objectif du coaching est qu’il retrouve du plaisir dans son emploi, grâce à un équilibre professionnel et personnel, pour qu’il retrouve sa place au sein de l’organisation.

L’enjeu du coaching était de questionner son rapport au travail : revenir à ses fondamentaux au lieu de se perdre dans sa quête de performance tous azimuts. Sans quoi, cela l’aurait conduit au burn out.

L’accompagnement que je lui ai proposé lui a permis de retrouver du plaisir au travail et finalement d’éviter un burn out :

  • Nous avons remis de l’ordre dans sa charge de travail,
  • Nous nous sommes questionnées sur l’adéquation de ses valeurs au mode agile de l’entreprise,
  • Il a retrouvé une énergie maîtrisée,
  • Il a repris confiance en ses capacités.

Bilan de l’accompagnement par Laurent :

Lors du bilan de chaque coaching, je demande toujours : « Sans le coaching que ce serait-il passé ? »

Sa réponse est sans appel : « Je pense que je serai allé dans le mur avec un burn out au regard de la charge de travail et des problèmes de priorisations du poste, à cause de deux départs non remplacés. »

Je crois que mon travail de recentrage personnel et professionnel a contribué à ce qu’il s’éloigne des conséquences du déséquilibre dans lequel il était, en se remettant au centre de sa vie.

Eviter le burn out lors d’un changement de poste

Ce deuxième coaching se déroule dans une autre organisation totalement différente dans son fonctionnement, donc totalement différent dans ma méthode d’accompagnement.

Ce département opère tous les 3 ans une rotation entre les responsables de projets. Dans le cadre de cette rotation, l’entreprise a recours au coaching pour faciliter la prise de nouvelle fonction. Ici, il s’agit de permettre à Céline de prendre ses nouvelles responsabilités sur un poste à enjeux politiques, accepter de déléguer et de laisser son ancien rôle derrière elle.

Dès le début, le courant entre Céline et moi passe bien ; la confiance s’établit vite. Céline est très engagée et très investie dans ses responsabilités, j’observe chez elle une capacité de travail importante : son amplitude horaire est très large, le nombre de projets menés de front est colossal. Elle veut montrer sa force de travail et son ambition en interne. Les projets à peine initiés qu’il en faut déjà d’autres…

L’effet miroir sur le burn out pour provoquer un électrochoc.

Avec son autorisation, je lui partage mon feedback. « À vous écouter, je perçois les comportements d’une personne addict à son travail, comme un drogué a besoin de sa dose, est ce que vous en avez conscience ? »

Quelques heures plus tard, je reçois un SMS : « Je viens de consulter des témoignages de personne en burn out, j’en prends la direction, c’est très clair. Merci de m’avoir ouvert les yeux. »

Son SMS me confirme qu’il est de mon rôle d’être bienveillante et piquante dans mes coachings. Piquante ne veut pas dire « vouloir faire mal » mais « dire ce que j’observe même si ce n’est pas agréable à entendre ». De plus, l’associer à une image marquante encourage la prise de recul.

La qualité de notre entente me permettait de lui dire ces choses sans qu’elle ne se sente jugée ; libre à elle de décider d’agir pour se réajuster au vu de la justesse de mon feedback.

Bilan de l’accompagnement par Céline

Lors de notre séance de bilan intermédiaire, elle me dit :

« Résumer ma vie à ma réussite professionnelle était une erreur. Requestionner mon rapport au travail m’a permis de me rendre compte que d’une part, je prenais le chemin du burn out et d’autre part que j’oubliai les autres facettes de ma vie de femme, de maman et de copine. En plus, j’ai la chance d’avoir une équipe efficace sur qui je peux m’appuyer. »

Mon regard sur les accompagnements pour prévenir le burn out

L‘utilité du coach face au burn out

Souvent, on se pose une question : “à quoi sert-on ?”

Pas toujours simple de faire comprendre notre valeur ajoutée. L’expert de la situation c’est le client. J’aime à dire que le coach est un miroir parlant.

Il parle de ce qu’il voit : autant des ressources facilitantes et mobilisables, que des comportements ou croyances qui bloquent l’atteinte de l’objectif.

Plus je suis dans une posture « à distance » de la problématique de mon client, plus je suis juste et facilitante. Cela s’est démontré dans ces deux situations qui auraient pu conduire mes coachés au burn out.

À mon sens d’ailleurs, le coach est plus adapté à prévenir le burn out, alors que le psychologue accompagne le coaché à en sortir.

Mon regard sur le burn out et le coaching individuel

Dans les deux cas, cela montre à quel point les personnes se sont enfermées dans un engrenage et « perdent pied » en se mettant une pression plus forte que celle insufflée par l’entreprise. Le coaching n’est pas la clé face au burn out, loin de là. Cependant, sa mise en place contribue à repenser sa manière de fonctionner et de se mettre en mouvement pour la faire évoluer.

Attention, je ne me considère pas comme une spécialiste du burn out. Ce n’est pas moi qui évite le burn out mais bien la personne qui en prend conscience grâce à son engagement à mettre en œuvre ses plans d’actions pour ne pas le revivre. C’est un travail d’équipe entre la coach et le coaché. En tant que coach, j’ai des outils mais il me faut du répondant en face !

En conclusion de ces expériences, je ne peux que vous invitez à agir pour éviter le burn out plutôt qu’agir pour retrouver son niveau après un burn out.

Une question à se poser devant le miroir le matin en se brossant les dents :

  • Depuis combien de temps tirez-vous sur la corde ?
  • Considérez-vous cela normal ?