Dérives et impact du télétravail sur la gestion du temps

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Dérives et impact du télétravail sur la gestion du temps

Plusieurs accompagnements en coaching m’amènent à constater les dérives et l’impact du télétravail sur la gestion du temps des cadres. Si le télétravail est devenu une évidence lors du covid, ce qui était une bonne chose, il a insidieusement modifié notre façon de travailler. Les bonnes pratiques mis en place en présentiel ont laissé place à des désorganisations significatives, et de la souffrance assez significative pour faire la demande d’accompagnement par un coach.

Quelles sont les dérives et l’impact du télétravail sur la gestion du temps ?

Elles sont nombreuses et pour les limiter une seule constante : trouver les clés pour travailler la gestion de son temps de travail.

Quand je me rappelle la création de mon entreprise, j’ai vécu les dérives et les impacts de travailler de mon domicile

Dans mon ancien job, une fois partie de l’entreprise, commençait ma vie sociale, sportive et personnelle. Une fois arrivée au travail, j’avais cette facilité à compartimenter mes vies.

A peine mon bureau installé au sein de mon domicile, la donne a changé. Très vite, je me suis rendue compte de la difficulté de maintenir une barrière entre mon temps de travail et mon temps personnel.

Facile de franchir la porte pour aller étendre une machine à laver à 10h !

Facile de franchir la porte de mon bureau à 21h pour finir un « petit truc » et se voir l’éteindre à 23h !  

Ma solution a été simple et radicale : je rentre dans mon bureau, je ferme la porte et je suis au bureau. En fin de journée, avant de partir au sport, je ferme la porte de mon bureau pour éviter la tentation d’y revenir.

Fermer réellement la porte de mon bureau m’a permis de dissocier mes deux mondes.

Gérer son temps de travail pour éviter les dérives, rester vigilant, savoir éviter la désorganisation, remettre et garder du cadre…

J’observe régulièrement ces dérives pourtant presque évidentes du télétravail et de la gestion de notre temps chez les personnes que je coache.

Les dérives du télétravail impactent l’organisation du temps de mes clients, ce n’est pas une question d’âge.

Il est très intéressant de voir que cette désorganisation n’a ni pas de règle d’âge, de statut. Dans ma pratique, j’accompagne des profils très variés : collaborateurs, managers, cinquantenaires, trentenaires. En souffrance, débordé par la charge mentale, happé par les mails et les réunions en visio, le besoin est le même : redéfinir mes priorités.

Le télétravail et les horaires élastiques

Matthieu avait trouvé judicieux de télétravailler les vendredis matin ne travaillant pas les vendredis après-midi. Cela permettait de ne pas perdre de temps dans un déplacement pour une demi-journée. N’arrivant absolument pas à s’arrêter à midi ou 14h, il prend conscience qu’il passait finalement son après-midi de récup dans son bureau. Pour pallier cette dérive, il évoque l’idée d’aller travailler sur site le vendredi pour séparer les deux activités.

N’est-ce pas une solution assez paradoxale, d’aller à son bureau pour une demi-journée et perdre du temps dans un transport ?

Ce qui le désole aussi, c’est que depuis que son bureau est aménagé dans sa pièce de modélisme, il ne consacre plus de temps à son loisir, car cela le replonge dans son bureau. Cela illustre bien le même besoin : compartimenter les activités professionnelles et personnelles pour redonner des espaces aux deux !

Le télétravail et le syndrome des 300 mails, ou quand l’écrit devient la règle pour communiquer.

Aujourd’hui le téléphone ne sonne finalement que très peu. La majorité des demandes arrivent par mail. Le code a changé. « J’ai 330 mails dans ma boite et je n’arrive même pas à les lire tous » m’explique Sophie, manager que j’accompagne dans sa démarche de rééquilibrage mentale et de gestion de son temps.

C’est aussi toute l’approche du travail qui a changé. Mail, WhatsApp, messagerie teams, sont devenus les moyens de communication privilégiés. Même avec nos collaborateurs et collègues proches que nous côtoyons au quotidien. Sophie, se souvient de la règle de son manager d’avant : « Tu envoies un mail pour programmer une réunion. Pour gérer une urgence ou besoin d’une information soit tu utilises le téléphone ,soit tu vas voir la personne. »

Quelles solutions pour répondre aux dérives et aux impacts du télétravail

La solution n’est pas unique. Elle est spécifique à la personne et à sa dérive.

Quels sont les grands classiques de questionnement ?

  • Priorité, importance, urgence une belle confusion !

    Comment définir une priorité ? Une tache importante ? Une tache urgente ? Une fois que la personne clarifie ses 3 critères, il est plus facile pour mes clients d’organiser leur journée au lieu de croire que tout doit être fait immédiatement.

    Se fixer des objectifs réalisables et atteignables.

    Si l’objectif peut être challengeant, il doit être atteignable. À quoi sert de se faire une to do list journalière inatteignable ? Hormis être sûr de ne pas être content en fin de journée ?

  • Passer par l’écrit pour poser son esprit et sa stratégie

    Objectif d’un mes clients : définir mes priorités pour être plus efficace
    et diminuer ma charge mentale d’ici fin 2024. Après 45 minutes de discussion, il se rend compte que cet objectif fixé par lui-même en discutant n’est pas réalisable. Je lui propose de passer par l’écrit et de rependre une minute pour formaliser un objectif et des actions.  L’esprit se pose, les objectifs se canalisent, et même le débit de parole ralentit.

Il y a aussi des questionnements plus spécifiques adaptés à chaque personne.

  • Oser dire non

Ce qui se joue quand la personne dit non, ce qui l’empêche de dire non. J’aime semer du « trouble » pour lui donner envie de déconstruire ses principes. Utiliser la technique des petits pas, et un pas vers le nouveau modèle.

  • Faire plaisir ou le syndrome du sauveur.

Matthieu me dit vouloir un alternant pour organiser le sharepoint selon une arborescence permettant aux autres services d’avoir accès à une information au lieu de le déranger. Et il me dit avoir joué au sauveur en prenant une personne de 45 ans qui s’est survendu sur sa maîtrise des logiciels. Avec beaucoup de bienveillance, mon rôle est de le challenger sur sa pratique d’auto-sabotage.

 Quel est le rôle de l’entreprise par rapport à l’impact du télétravail sur la gestion du temps ?

Il me semble aussi important de se questionner aussi sur la place de l’entreprise.

Quel est son rôle dans ce phénomène ?

De nombreuses entreprises mettent en place des blocages de mails écrit après 19 h ou 20 h  pour préserver la santé des salariés et éviter la surenchère et la pression de la disponibilité.

Pour autant, il est impossible d’empêcher une personne de travailler tardivement. Si cela est une mesure efficace pour le destinataire du mail, elle ne semble pas efficace pour être sensibilisé aux risques de craquage mental et burn-out…

Un nouveau sujet à aborder avec vos salariés en télétravail pour trouver une solution gagnante.

Une suggestion pour commencer à travailler avec le groupe : « Que feriez-vous pour qu’on ne puisse pas voir que vous télétravailler en dehors de vos horaires ? »
Parlons-en…