Faire de l’imprévu une expérience apprenante
Arrivée à Stockholm, pas de bagages sur le tapis. 8 personnes sont encore là, un espoir qu’un ultime chariot de bagage soit déchargé…mais non le tapis s’arrête. Le prochaine avion arrivera ce soir à 18h. Et nous, nous serons dans un train à 18h pour rejoindre le départ de l’expédition polaire pour laquelle nous sommes là. Notre bagage nous sera donc livré le lendemain. Rassurée par notre guide, l’expédition part le surlendemain.
En milieu d’après midi, à Abisko, les informations de localisation de nos sacs sont imprécises. Un avion aterri à 18h sans informations précises sur nos sacs. 18h45, un chauffeur de taxi sur place nous confirme que nos sacs ne sont pas sur le tapis.
Contrariété et agacement prennent le dessus. Un rapide tour de mon daily pack, j’ai un sous vêtements en merinos, une première couche en mérinos, une polaire, une paire de chaussette, un collant. Des lunettes, un bonnet. Et le pantalon de rando que j’ai sur moi, et ma doudoune achetée ce matin. Bon c’est déjà ça…
Obligation de racheter du matériel pour partir. Pas de matériel, pas d’expédition, alors pas de question à se poser, il faut soit racheter, soit louer, soit se faire prêter.
La solidarité du groupe joue tout de suite
Nous sommes 3 sans équipements complets, 3 ont tout. Chacun propose quelque chose, nous nous répartissons ces affaires. Tout de suite ça crée du lien dans le groupe, face à la difficulté, le collectif prend le dessus et des premières solutions se trouvent.
. Il reste 15’ avant la fermeture de la boutique. Ce n’est pas de gaité de cœur mais il faut aller voir ce qu’on peut trouver en location ou en achat. Pas de location disponible. Nous cherchons un sac de couchage, un pantalon et veste gore tex, une paire de gant grand froid, Thermos, cagoule, serviette de toilette. Qui y a t il en rayon. ? Une veste moutarde, (ouais bof c’est pas ma couleur préférée) mais la question ne se pose pas comme ça. Est ce qu’elle rempli la fonction ? Oui, alors elle est parfaite.
L’esthétique et le prix ne sont plus les éléments entrant en ligne de compte pour décider
Quand je pense au temps que nous avons pris pour constituer notre équipement, en recherche de la meilleure fonctionnalité, et dû meilleur qualité prix en perspective de réutilisation. Nos critères ne sont plus les mêmes.
Décision d’acheter une serviette de toilette pour 3. Ce n’est pas pour le nombre de fois où on aura l’occasion de se laver que cela vaut le coup de s’embarrasser. Mais quand même après coup, partager une serviette de toilette ça nous a fait gagner dans une intimité. Aujourd’hui ça nous fait rire.
Passage à la caisse : 1440€ ! Quand même! C’est le budget de mes prochaines vacances ! A ce prix, je me promets de profiter de chaque instant sans en laisser une miette. D’aborder les choses sous cet angle, me permettent instantanément de switcher d’un état émotionnel ,et place à l’aboutissement de cette aventure qà laquelle on se prépare depuis 6 mois.
La bonne nouvelle c’est que notre pulka est bien plus légère que prévue.
20 kilos de moins, ce n’est pas anodin quand c’est tiré à la force de nos bras et jambes sur 110 kilomètres. Je ne pensais pas avoir mis de chose superflu dans mon sac. Après coup, je me dis mais quelle chance de voyager si léger.
Finalement ce qui m’a le plus coûté,
c’est de solliciter en permanence les autres membres du groupe, ce n’est pas simple pour moi. Demander de l’aide n’est pas le problème, être autonome sur rien, l’est. Chaque jour être obligée de demander quelque chose à quelqu’un. Pourtant, je n’ai vu aucun signe d’agacement et cela a toujours été accueilli avec « normalité ». Je me suis posé la question : « Est ce que cela aurait été accueilli de la même manière, si nous n’avions pas été dans ses conditions ? De vie en communauté, De vie sans confort ? De perte de bagage ?
Deux autres apprentissages de cette mésaventure.
• La prochaine fois , je voyagerai beaucoup léger avec tout avec moi dans l’avion. Comme je le fais d’ailleurs sur d’autres aventures de course à pied.
Cet imprévu fait que l’aventure a été encore plus intense. Cela a rajouté le »piquant », que je dois l’avouer, aime trouver quand il ne remet pas en question ma sécurité