Mon expérience de speaker au TEDx : gérer ses émotions lors d’une prise de parole en public

Le 16 novembre 2024, j’ai eu la joie d’être speaker au TEDx de Saint-Etienne ! Le thème de cette année : « Sources et Ressources ».

Ce sujet me parlait profondément. En effet, lors de ma participation au Marathon des Sables, j’ai été confronté à un évènement que je n’avais pas imaginé. Malgré ma préparation, j’ai eu à puiser dans mes ressources pour décider de continuer plutôt qu’abandonner. Mon deuxième enjeu personnel lors du TEDx était alors de pouvoir aborder ce sujet très personnel, qui me touche émotionnellement parlant, sans me laisser submerger par mes émotions. Un vrai challenge

C’est pour cette raison que je souhaite exprimer dans cet article le sujet primordial qu’est la gestion des émotions, parallèlement à mon expérience de speaker TEDx et au monde professionnel.

Ma préparation pour le TEDx : gérer mes émotions pour optimiser et fluidifier ma prise de parole

Après 3 mois d’écriture et de réécriture de mon talk TEDx, je suis enfin arrivée à une mouture pour une prise de parole que je souhaitais fluide, mais surtout impactante. Ce n’était pas le tout de d’avoir écrit et imaginé la mise en scène, l’important était de la vivre et la faire vivre…

Gérer ses émotions sur une prise de parole engagée

Mon talk était particulièrement engageant pour moi, car je souhaitai que le public ressente ce que j’avais moi-même pu ressentir lors du marathon des sables. Dès mes premières répétitions, les émotions se sont invitées et j’ai eu besoin d’apprendre à les doser pour ne pas y être complètement hermétique et ne pas en être submergée. J’ai eu une réelle angoisse de penser que je pourrais ne pas arriver à gérer mes émotions le Jour J, comme je venais de le faire ; je craignais que cela m’empêche d’aller au bout de ma prise de parole et de mon challenge.

Laisser place aux émotions pour un talk percutant

Ma deuxième angoisse était de proposer un talk ennuyeux ou pour lequel le public n’y verrait pas d’intérêt. Grace à l’accompagnement d’Anne Chaillan, organisatrice de l’événement, cette inquiétude a vite était balayée, car il ne s’agissait pas de parler comme une experte mais plus comme une personne légitime. J’ai géré mon questionnement sur ma légitimité en partageant mon expérience, naturellement.

En fait, l’émotion ne s’anticipe pas, sinon, la préparation serait plus simple ! Et c’est ça qui est difficile. J’ai l’habitude de parler devant une trentaine de personnes dans mon métier de coach en management et cela ne me pose pas de problème. Mais là, intervenir devant 200 personnes… Cela n’était pas la même affaire, surtout lorsqu’il s’agit de parler de moi !

 

Jour J : ne pas se faire emporter par ses émotions

Le jour J, j’étais étonnamment détendue… Jusqu’au moment où j’ai vu le public s’installer, reconnaître des personnes, voir mes amis, ma famille. La pression est montée rapidement. Mais lorsque MC Pampille, maître de cérémonie, à annoncer mon passage, et que j’ai entendu les applaudissements, je me suis surprise à sentir mon cœur battre aussi fort.

La salle est dans le noir, je sens le projecteur sur moi… C’est là que la gestion de mes émotions prend sens. Je fais le choix de faire mon talk sans aucune note ni visuel en arrière-plan, je n’ai donc rien à me raccrocher si je perds le fil. Faire mon Talk de cette manière était une prise de risque certes, mais à mon sens ça lui donnait toute sa puissance.

Ma phrase de démarrage m’a en quelque sort sauvée : « je suis sans voix » et c’est exactement ce que je vivais dans l’instant.
Le fait de le formuler m’a permis de me détendre. La suite de mon talk était incarnée, j’ai peut-être inversé une ou deux phrases, mais l’enjeu n’était pas de réciter mon texte et de stresser de ne pas le suivre à la lettre, mais plutôt d’amener les personnes à comprendre toutes les émotions qui m’avaient traversées lors du marathon des sables et à se mettre à ma place pour décider de la suite : abandonner ou continuer !

J’ai terminé mon TEDx dans un état d’euphorie, emplie d’émotions positives. J’étais tellement heureuse d’avoir rempli le contrat et tellement soulagée que ça se soit bien passé…

Vous m’auriez demandé de partir monter l’Everest dans la foulée, j’y serai allée ! C’était incroyablement agréable.

Les feedbacks que j’ai eu du public m’ont permis de savoir que j’avais réussi. “Un talk fluide avec beaucoup de naturel, spontanée, poignant, émouvant, profondément humain. Sans tomber dans le « pathos »”. J’ai eu le sentiment d’avoir apporté une valeur au public et c’était le plus important pour moi.

La gestion des émotions : un levier indispensable dans le monde professionnel

Maintenant que je vous ai parlé de mon expérience TEDx, j’aimerai vous partager mon expérience professionnelle liée à la gestion des émotions.

Dans tous les accompagnements que j’ai réalisés, aussi bien en coaching individuel, coaching en équipe qu’en médiation, les émotions sont omniprésentes.

Il faut avouer qu’il est très rare que des clients viennent travailler directement sur leurs émotions, sauf quand elles sont réactionnelles et que cela entache fortement les relations. Cependant, dans tous mes accompagnements la dimension émotionnelle s’invite ou est évoquée.

Questionner les émotions permet aux personnes de les conscientiser. Je me rends régulièrement compte que c’est un sujet compliqué pour beaucoup, comme si avoir des émotions étaient « tabous ».

Ce que j’aime particulièrement, c’est de permettre à mes clients de comprendre le rôle qu’ont les émotions dans leurs décisions d’action ou de non-action, ainsi que leurs impacts sur leurs comportements.

Mon expertise liée à l’intelligence émotionnelle

Il est naturel d’avoir des émotions. Je suis d’ailleurs formée à l’intelligence émotionnelle, pour nourrir ma pratique et cerner tous les périmètres qu’elles pouvaient impacter. Connaître son quotient émotionnel n’a pas vraiment d’importance en tant que telle. À mon sens, il est surtout important de savoir sur quoi elles nous limitent ou sur quoi elles nous permettent de nous développer dans notre vie personnelle ou professionnelle.

  • Avez-vous conscience qu’une émotion influe sur votre manière de vous percevoir ?
  • Sur votre facilité ou impossibilité de les nommer ?
  • Sur votre manière d’être en relation avec les autres ?
  • Sur votre processus décisionnel ?
  • Sur votre gestion du stress ?

Si j’avais un rêve, ce serait qu’une entreprise se fasse accompagner sur l’impact des émotions au travail. J’ai l’intime conviction que cela serait d’une puissance incroyable en termes de cohésion d’équipe.
Rappelez-vous par exemple les émotions qui nous ont traversées au début de la crise COVID ? J’ai réalisé un accompagnement au sein d’une EPADH avec le personnel soignant. Une personne m’a confié regretter cette période. Elle estime que la crise COVID a créé de l’unité, de la solidarité, du professionnalisme, de l’attention aux autres… Les égos étaient retombés pour se mettre au service du métier. C’est comme si cela avait donné de la valeur et du respect dans ce milieu professionnel.

Comment bien gérer ses émotions ?

À mon sens, voici quelques erreurs commises en matière de gestion des émotions :

  • “Si je nomme mes émotions, ils vont croire que je suis faible”. Je ne partage pas ce point de vue, nommer son émotion permet de s’en libérer. Dans ma prise de parole TEDx cela m’a aidé à me détendre. Je suis certaine que cela a permis au public d’avoir une clé de lecture de mon état et faire preuve d’une forme d’empathie à mon égard.
  • Croire que tout le monde ressent la même émotion. C’est faux ! L’émotion est en lien avec nos représentations des choses, notre histoire, nos valeurs…
    Si je reprends l’exemple du COVID, certains ont ressenti de la peur, d’autre de la colère, de l’incompréhension, de la tristesse… En parler en équipe permet de comprendre les autres membres de son entourage et de mieux travailler ensemble.
  • Refouler ses émotions. Vos émotions non-exprimées vont devenir des ressentiments, qui créent beaucoup plus de dysfonctionnement dans l’entreprise. Le tout, c’est de savoir les exprimer sans en faire la responsabilité aux autres.

Ce qui est sûr c’est que l’émotion si elle est refoulée, trouvera un chemin au travers de votre corps.

Apprendre à gérer ses émotions, un sujet essentiel

Que ce soit lors du Marathon des Sables ou lors de mon intervention TEDX, ma gestion des émotions a fortement influencé mes perceptions, mon expérience et ma réussite. Mais pour ça, il faut les comprendre et savoir les gérer.

Professionnellement, la gestion des émotions est indispensable.
En effet, cela permet d’améliorer nos relations, de réduire notre stress au travail et prendre des décisions réfléchies, et non sous l’influence d’une émotion.

Gérer ses émotions nous permet de dépasser nos limites, que ce soit en challenge sportif ou devant 200 personnes.

Et vous, quand la gestion des émotions vous a-t-elle permis de vous dépasser ?

Crédit photo : Frédéric Giraud